Revue n° hs 04Décembre 2012

Projet urbain, espoirs et incertitudes


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Editorial du numéro hs 04

L’ingénierie du projet urbain
Nous poursuivons, avec ce numéro, l’exploration des concepts liés aux métiers de l’urbanisme et de la ville. En effet, après avoir traité la problématique de la programmation urbaine, nous nous intéressons cette fois-ci à la démarche de projet et à la notion de projet urbain, encore très mal connue et qui reste, à tort, rattachée à des démarches et des règlements dépassés qui ont prouvés leur échec sur le terrain, et qui n’ont pas changé depuis la promulgation de la loi 90-29 du 1er décembre 1990 relative aux instruments d’urbanisme, principalement les PDAU et les POS.

Ces « plans » figés dans le temps, dénués de visions ambitieuses d’avenir, n’ont plus la côte, on procède, dans tout le pays, à leur révision. Tout le monde semble être d’accord sur le constat, sauf qu’on refait les mêmes schémas avec les mêmes procédés, les mêmes mécanismes et les mêmes manières de faire, et en plus, en rangs dispersés, malgré l’existence de nouveaux outils comme le SNAT (Schéma National d’Aménagement du Territoire) encore très mal exploité et pas assez bien intégré par rapport aux enjeux au niveau local.

La wilaya d’Alger apparait comme l’exception qui, malheureusement, confirme la règle ! Ce territoire particulier, car il s’agit de la Capitale du pays, s’essaye à une nouvelle façon d’agir et de faire la ville : travail collaboratif, structuration territoriale, renouvellement urbain, macro maillage, nouvelle centralités, cohérence spatio-fonctionnelle, cohérence économique, cohésion sociale, intégration environnementale, etc. L’utilisation, nouvelle, de ces concepts opérationnels, nous suggère des orientations stratégiques de développement, avec des programmes qualitatifs qui seront implantés et « négociés » selon des logiques socioéconomiques mais aussi selon des logiques d’ordre structurel préétabli avec un phasage précis des opérations, et un système de gouvernance inédit, qui ambitionne de faciliter les montages fonciers et financiers des projets complexes.

Comment dès lors ne pas reprendre espoir ? Cette nouvelle donne, représentée par les travaux qui se réalisent déjà sur Alger, met à plat et secoue toutes les certitudes qui traînent depuis plusieurs décades en matière d’aménagement urbain, et nous propose en filigrane le renforcement de la maîtrise d’ouvrage d’un côté et d’un autre côté, de façon astucieuse, la consolidation des instruments d’urbanisme en vigueur avec des dispositifs opérationnelles flexibles, dynamiques et réversibles en cas de besoin, le tout guidé par un système de monitoring inédit.

Il est cependant utile de signaler que l’ingénierie urbaine pour ce genre de processus est complexe, demande de l’expérience, des compétences avérés et une certaine culture urbanistique. D’un autre côté, cela ouvre un large champ d’expérimentation dont les résultats ne pourront être qu’originaux et bénéfiques pour les citoyens. Le problème est de rendre ces méthodes à la portée de l’ensemble des responsables et les praticiens de l’urbanisme, tant au niveau local que national.

Les assises de l’urbanisme en juin 2011 ont souligné l’importance d’inscrire l’urbanisme de projet dans un cadre technique et réglementaire, et avec des procédures bien définies (voir les recommandations des assises présentées dans le n° 17 de Vies de Villes). En attendant la mise en œuvre de nouvelles idées issues de cette rencontre, le présent dossier tente d’apporter quelques éléments de définition importants qui gravitent autour des démarches de projet urbain et de démontrer, à travers des exemples concrets et des simulations construites sur des bases réelles, que l’opérationnalité et la fiabilité de la procédure de projet est possible.

Le travail expérimental, réalisé dans le cadre d’une recherche universitaire menée à Alger par l’équipe QUEDD (Qualité Urbaine, Environnement et Développement Durable) sous la direction de Professeur EwaBerezowska-Azzag, au sein du laboratoire VUDD de l’EPAU (Ville, Urbanisme et Développement Durable), nous offre ainsi plein d’enseignements et nous apporte de la matière pour nourrir notre réflexion, envisager de la cristalliser et de la porter au niveau du débat public contradictoire et constructif. Il est grand temps, aujourd’hui, de nous mettre en ordre de bataille et véritablement en situation de projet.

…Bonne lecture.

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