Revue n° 20Mai 2014

De l'idéation à la mise en œuvre

Revue Vies de Villes  n°20
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Immersion dans les coulisses du bien être

(page n°16, 02 pages)

Hornberg, un paysage de campagne nous accueille. Nous avons du mal à croire qu’à cet endroit est implantée l’une des plus anciennes fabriques d’Europe de céramique, l’usine Duravit.

Une fois sur les lieux, nous découvrons le nouveau bâtiment «dernier cri» signé par le designer Philip Stark, l’appréhension nous gagne. La façade hors échelle derrière laquelle est flanquée une grande cuvette semble agresser le paysage naturel exceptionnel de la région et les premiers commentaires fusent, le groupe d’architectes algériens ayant fait le déplacement ne peuvent rester indifférents, mais après tout, ce n’est pas le but de la visite. On nous a promis plein de découvertes, ce n’était que le début.

Dans un premier temps, la visite de l’usine. D’abord la matière première, l’argile, le feldspath, le kaolin, le quartz, puis la préparation de la pâte avec des dosages «secrets» dont les formules sont confectionnées au cœur de l’usine où les ingénieurs et chercheurs Duravit exécutent leurs tests et finalisent leurs schémas millimétrés, nous dit-on. Cette partie de l’usine, nous ne la verrons pas. Nous nous attendions bien sûr à une production industrielle robotisée et ultramoderne. Quelle fut notre surprise de constater des ouvriers travaillant dans une chaleur étouffante en train de démouler des produits de luxe dessinés par de grands designers, un travail purement artisanal, un savoir-faire précis où le doigté et le coup d’œil suffisent à réaliser des produits d’une précision impressionnante !

Nous poursuivons la visite à la découverte d’une deuxième méthode de production, semi-industrielle, là où les moules sont mis en série, avec à la clef une production importante d’éléments dits standards. Un étage plus bas, nous visitons le temple de la robotique, des machines, sorties tout droit du film Transformers, font presque tout le boulot. Les ouvriers deviennent de simples manutentionnaires qui répètent à l’infini les mêmes gestes avec une facilité déconcertante, mais avec l’avantage d’être aidés par une ergonomie poussée à l’extrême, il s’agit de modèles dit lourds dont la section épaisse devient compatible avec une production mécanisée à grand flux pour les grosses commandes.

Nous arrivons enfin au grand hangar de la cuisson et des finitions. Et là, rien n’est laissé au hasard. L’étape de l’émaillage est apparemment l’une des plus importantes du processus. Elle est lancée juste avant que le produit ne soit mis dans le long four automatique de cuisson, et c’est encore une fois manuellement que ce travail se réalise ! Pourquoi ? Parce que tous les petits recoins des produits très diversifiés qui passent sur le tapis mécanisé doivent être couverts d’émail, l’eau doit couler et c’est cet émail bien étalé qui garantit la qualité du produit et sa longévité. En bout de chaîne arrive le contrôle qualité. Duravit ne dispose pas pour ses clients de deuxième choix, car la moindre éraflure, le moindre petit point noir disqualifient le produit qui finit à la casse. Le produit emballé est enfin prêt à être expédié au plus grand centre logistique Duravit dans le monde, celui-ci se situe à une heure de route de Hornberg, mais là c’est une autre histoire, aussi passionnante d’ailleurs.

Nous sommes invités à la fin du circuit de production à déambuler dans le showroom conçu par notre ami Stark. Il faut dire que ses folies architecturales deviennent dérisoires en comparaison de ce qui se trame à l’intérieur de ce temple de l’industrie allemande. Les produits finis sont exposés dans une mise en scène sobre mais efficace.

Fatigués que nous étions, nos accompagnateurs nous suggèrent d’essayer leurs produits, car pour eux, le labeur des 5500 ouvriers Duravit du site allemand, mais aussi des autres sites en Chine, en France, en Égypte, en Inde, en Turquie et en Tunisie a pour seul objectif de donner du plaisir à leurs clients et leur offrir des salles de bains à vivre. Et justement, nous avons eu droit aux meilleures salles de bains qui puissent exister, le nécessaire aussi pour une heure de relaxation dans des spas « top design» pour finir une matinée en totale immersion dans un monde exceptionnel. En tout cas, après ce voyage initiatique, il n’est plus possible de porter le même regard sur les salles de bains. Respect !

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