Au départ de cette aventure une constatation : l’opacité d’un secteur d’activité très convoité, où l’absence de professionnalisme devient la règle, où la médiocrité régnante décourage même les plus passionnés d’entres nous, ceux qui rêvent d’un changement des mentalités, ceux qui rêvent d’apprendre, d’aller de l’avant.
Cela dit, une impression se dégage sans conteste dans ce climat morose, un bouillonnement sans précèdent agite les professionnels de l’architecture et de l’urbanisme ; comme le vent qui tourne. Sommes-nous peut être à la veille d’une renaissance urbaine en Algérie ? En tout cas nous y croyons.
Dans cette revue, une chose est sure, la barre est déjà fixée. Un certain Fosbury a révolutionné le saut en hauteur en inventant une nouvelle technique qui lui a permis de battre le record mondial, aujourd’hui tous les athlètes sans exception emploient la même technique, certains à force d’y croire, s’acharnent et obtiennent des résultats… La barre est clairement fixée et la voie tracée… Il s’agit pour nous d’aller de l’avant et vers le positif : signaler et diagnostiquer les problèmes afin de proposer des solutions, décortiquer pour mieux comprendre, témoigner pour prendre du recul et rebondir…, tout un programme, où nous l’espérons, amis lecteurs, vous serez des partenaires et des acteurs actifs.
Aujourd’hui, nous héritons d’un patrimoine urbain dont les contours ne sont pas encore bien définis, notre société progresse, accumule et s’adapte bon gré mal gré ; entre-temps, l‘élite est formée en masse dans nos universités. Est-elle consciente des enjeux ? Notre rôle est, justement, d‘œuvrer à clarifier ces enjeux, et voir dans quelles mesures nous pouvons, nous professionnels, relever les défis des villes… de nos villes.
VIES DE VILLES est un support qui traduit des convictions relatives à la production de la ville et à son devenir. Il s’agit pour nous de donner un sens et une dimension positive à notre action et quoi de plus positif que de parler de la vie ? La vie, avec ses différentes facettes que l’on connaît où que l’on croit connaître.
Ce premier numéro constitue un test d‘écoute, il est consacré à quelques thèmes qui devraient interpeller les acteurs qui font la ville. Le contenu que nous vous présentons se veut ouvert à toute suggestion constructive et nous serons heureux de répondre à vos attentes, pour peu que vous les exprimiez !
En dehors de rubriques constantes, chaque édition consécutive présentera un dossier spécifique introduisant une problématique qui nous paraît importante à soulever. Par exemple, dans ce numéro, nous voulons diriger un petit faisceau de lumière sur ces pollutions urbaines que l’on a tendance à négliger, parce que leurs effets ne sont pas immédiatement tangibles et parce qu’elles ne sont pas aussi spectaculaires que la pollution atmosphérique, hydrique ou du sol. Ces autres pollutions … Celles qui rongent insidieusement notre sens de l’esthétique, suscitent le stress quotidiennement, agissent en silence sur notre état de santé et épuisent notre système naturel de défense. Celles générées par la croissance de la mobilité urbaine, de la complaisance dans l’octroi des permis de construire, de l’absence des études d’impact, de l’absence de contrôle de la qualité dans le bâtiment, à la faveur du laisser-aller, du laxisme et de l’indifférence.
Parlons-en sans ambages, pour attirer l’attention, pour éveiller les consciences, pour inciter à réagir et à agir autrement. Le débat est ouvert et l’apport de vos remarques est le bienvenu.
Cependant tout n’est pas noir, dans ce numéro vous trouverez aussi des exemples, des solutions heureuses apportées à nos soucis quotidiens, des projets prometteurs, des innovations intéressantes et des réflexions constructives…
Akli Amrouche
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