De nouveaux défis dans un monde qui change
Comme promis, ce numéro exceptionnel nous permet une évasion vers d’autres cieux, où l’architecture a acquis ses lettres de noblesse et où celle-ci exprime l’aspiration des peuples à se tourner vers l’avenir en toute confiance.
C’est suite au premier festival mondial de l’architecture, un événement inédit, que nous avons décidé de programmer ce dossier spécial. Une ballade fort intéressante pour s’ouvrir sur ce qui se passe dans le monde.
Aujourd’hui, c’est principalement à travers les stations de télés satellitaires que l’on observe un monde qui bouge sans réellement saisir les enjeux liés aux problématiques de développement qui nous concernent pourtant en particulier. Dans notre métier d’architecte, nous n’avons pas tous la chance de pouvoir participer à de véritables expériences humaines qui nous permettent d’enrichir nos connaissances, maintenir et renforcer les liens sociaux avec nos concitoyens. Ces derniers attendent beaucoup de nous, mais ils restent généralement déçus par la production architecturale de ces dernières décennies.
Est-ce un manque de maturité de la profession ? N’avons-nous pas les atouts nécessaires pour émerger ? L’architecture est par essence un métier libéral, théoriquement nous n’avons donc aucune raison de nous lamenter sur notre sort ou de chercher à nous trouver des alibis. Il suffit d’aimer ce métier, d’être motivé, de vouloir toujours apprendre plus, de conduire chaque projet comme si c’était une bataille ou un combat à gagner, et surtout de veiller à jouer pleinement notre principal rôle, celui d’être à l’écoute de la société. Ce qui s’est dit à Barcelone est à ce titre édifiant. Les problèmes que nous connaissons en Algérie sont les mêmes qu’ailleurs, bien qu’à des degrés moindres – en fait, s’imposer comme véritable maître d’oeuvre n’a jamais était une tâche facile.
Par ailleurs, les événements récents : crise financière mondiale, chute des prix du pétrole, dérégulation des marchés de l’immobilier, différents conflits et guerres sont en train aujourd’hui de changer la donne pour notre petite planète. Plus personne n’est en mesure de dire de quoi sera fait demain : est-on à la veille d’une longue période d’instabilité politique et socio-économique mondiale ? Beaucoup d’experts l’affirment. C’est en tout cas dans ce climat plutôt morose que se tient le 12e Salon international du bâtiment d’Alger.
Au vu du nouveau contexte international où de plus en plus les ressources financières s’amenuisent, il nous semble qu’il est impératif et nécessaire aujourd’hui, pendant qu’il est encore temps, de développer en Algérie une industrie du bâtiment capable de répondre aux normes les plus exigeantes, parce que c’est bien elle qui peut impulser une dynamique économique soutenue et durable.
Nous avons les compétences managériales nécessaires, l’ouverture du marché a permis à beaucoup d’entreprises algériennes d’acquérir une expérience et un relationnel utile pour développer cette industrie et transférer ou acquérir les technologies dont nous avons besoin. Des pionniers ont compris les enjeux en place et ont déjà commencé à produire et à exporter, mais ils sont encore trop peu nombreux. Le fond national d’investissement (FNI) de 150 milliards de dinars (environ 150 M €), mis en place très récemment par le gouvernement, peut donner une impulsion significative aux projets industriels du secteur.
Dans un pays considéré par beaucoup d’étrangers comme le nouvel eldorado, le bon sens nous oblige à réfléchir de façon urgente à la manière d’encourager la production locale de matériaux en tout genre, même les plus originaux et les plus innovants. Les contraintes bureaucratiques devraient s’effacer et les systèmes judiciaire et financier réformés en profondeur pour aider les investisseurs potentiels, privés et publics, à s’établir durablement et en toute confiance. Des stratégies et des objectifs chiffrés doivent aussi être arrêtés.
Dans un contexte de concurrence qui monte, des volontés et des initiatives locales existent, mais elles restent encore très mal encadrées. La mobilisation espérée de toutes les ressources, tant attendue par les professionnels du secteur, devrait être provoquée par les autorités le plus rapidement possible pour asseoir une stratégie industrielle du bâtiment efficace et ouverte sur les nouvelles technologies, pour donner aux architectes les outils de produire ce à quoi aspire réellement notre société.
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