(page n°28, 6 pages)
Connaître le patrimoine, dans le cas particulier de la médina d’Alger et dans le cadre de notre recherche doctorale, consiste essentiellement en la connaissance scientifique, esthétique et éthique de la partie essentielle de la ville: la maison ou dar.
Mounjia Benchabane
Architecte – Chercheur – Enseignante à l’EPAU
En effet, elle occupait la grande majorité de la surface urbaine. Cette maison est basée, dans sa conception, sur un langage unique adopté après le séisme de 1715. Ce langage, enraciné dans les millénaires de l’histoire riche et stratifiée d’Alger, a eu la capacité d’engendrer des milliers de maisons construites dans la période
de l’après-effondrement. Malgré les destructions massives qui ont eu lieu pendant l’occupation coloniale, nous avons, aujourd’hui, des témoignages de ces maisons (période ottomane) de haute qualité. Elles doivent devenir de véritables laboratoires d’étude où les étudiants des écoles d’architecture pourront observer, étudier, comprendre, apprécier et valoriser cette architecture qui est un réservoir de complexité, sciences, éthique et esthétique. Nos villes, en proie à la laideur et à la pauvreté architecturale, ont un besoin urgent de ressourcement qui ne peut se faire qu’à travers notre patrimoine. Comme le stipule le critère de la convention de
l’Unesco : La médina d’Alger représente un chef-d‘œuvre du génie créateur humain. Il s’agit donc bien d’esthétique qui ne peut exister sans éthique. Alger, en période ottomane, était un système urbain complexe global composé de deux sous- systèmes : la médina minérale entourée du fahs végétal. La maison répondait à un langage/système qui lui permettait de s’adapter à toutes les conditions locales. Puissante, intelligente et belle, elle constitue aujourd’hui un patrimoine de grande valeur qui contribue à la construction de l’identité et de la culture algérienne. Nous la présenterons à travers une théorie relativement récente: Les Fractales, (Benoit Mandelbrot, 1980). Cette théorie mathématique nous permet de mieux cerner l’aspect «complexe» sans procéder à la dangereuse action de décomposition. Dans le paradigme du «holisme» (Edgar Morin, 2003), la partie est dans le tout et le tout est dans la partie. C’est pourquoi nous devrons trouver la ville dans la maison.
Mots clés : patrimoine, esthétique, éthique, complexité, fractale, langage.