‘‘L’entonnoir’’, version 2010
Les temps sont durs pour le secteur du bâtiment. Au vu de la situation actuelle, on s’achemine doucement, depuis la promulgation de la loi de finance complémentaire
2009 et sa confirmation en 2010, vers une difficulté d’approvisionnement en matériaux divers ; les importateurs et les distributeurs se plaignent des lourdeurs
administratives, notamment sur la question des crédits documentaires. Les délais
de livraison s’allongent et les retards commencent sérieusement à se faire sentir.
S’ajoute à cela la crise du ciment qui perdure avec des prix record non justifiés
(16 millions de tonnes produits en Algérie pour une consommation estimée à 13
millions de tonnes). D’un autre côté, les scandales financiers qui éclatent au grand
jour, relayés par la presse nationale, ont eu pour conséquences le gel ou l’arrêt
temporaire de pas mal de chantiers et de projets d’investissement entrant dans le
cadre du plan de relance 2010–2014.
Le climat des affaires semble être affecté, à en croire M. Réda Hamiani, président
du forum des chefs d’entreprises, qui s’est clairement démarqué des options prises
par le gouvernement. Nous sommes tentés de nous poser la question du bien-fondé
de toutes ces mesures prises à la hâte pour arrêter la soi-disant «hémorragie» de
devises qui a atteint les 40 milliards de dollars en 2008 car, en contrepartie, les
mesures aidant au développement de notre industrie, notamment celles liées au
BTP, ne sont pas encore visibles sur le terrain. Peut-être s’agit-il là d’un redéploiement stratégique et un passage obligé pour redistribuer des cartes de façon plus équitable ! Nous voulons vraiment le croire. En tout cas, le temps que durera cette nouvelle et douloureuse transition économique, beaucoup perdront «des plumes» et, forcément, l’offre qui restera sur le marché sera réduite et mettra du temps à s’adapter à notre immense chantier : l’Algérie.
C’est dans ce contexte très difficile que va s’ouvrir, sous le haut patronage de
Monsieur le Président de la République, le 13e Salon international du bâtiment
d’Alger, sous le slogan très ambitieux «Ensemble pour un urbanisme et une architecture de qualité». Pour nous, c’est un moment unique où l’on tentera de mesurer réellement l’impact de la crise qui secoue le secteur et évaluer ainsi les capacités de notre marché à réagir et à rebondir. A titre comparatif, les salons européens qu’on a eu le plaisir de découvrir cette année nous ont renvoyés une belle image d’entreprises battantes qui, en pleine crise économique, redoublent d’originalité dans leurs produits, développent de nouvelles techniques et procédés de plus en plus sophistiqués, en exploitant des niches et des sentiers nouveaux inexplorés, histoire de s’armer et de bien préparer le retour à la croissance.
Ce numéro devait afficher un dossier Spécial Habitat, ce sera partie remise, car
la réflexion que nous avons entamée n’est pas encore finie, vous avez droit cette
foi-ci, amis lecteurs, à un avant-goût qui cadre parfaitement avec l’ambiance des
échanges qui ont lieu au sein du réseau de consultants et d’experts qui gravitent
autour de nous et dont on est fier de mettre en lumière. Pour nous, la réflexion
continue, nous revendiquons l’adage arabe qui dit : «La crise favorise et alimente la
créativité et la réflexion.» ( أن الأزمة تلد الهمة ) Toutes les crises ont leurs épilogues,
mais les bons chemins à prendre pour s’en sortir ne dépendent que des analyses
et des enseignements tirés du passé.
Bonne lecture.