Les bons ingrédients ne suffiront pas !
Les assises nationales de l’urbanisme ont abouti à une liste de recommandations assez exhaustive et pavée de bonnes intentions. En effet, les différents ateliers ont fait le tour des questions sur les aménagements urbains en Algérie, avec des échanges constructifs, touchant des points très sensibles. Cette ouverture, sincère, aux débats contradictoires sur le devenir de nos villes est une chance, elle doit être rapidement saisie et transformée en actions concrètes, collectives et concertées, sinon l’enthousiasme affiché et les résultats obtenus, encore au stade embryonnaire, risquent de rejoindre les tiroirs poussiéreux, aux côtés des multiples autres bonnes intentions passées sous silence.
De la parole aux actes, des théories à l’expérimentation, c’est ce que nous attendons aujourd’hui; et tous les professionnels s’accordent à dire que les ingrédients sont potentiellement là, prêts à être utilisés et exploités.
De la clairvoyance, des visions précises et limpides de ce que devrait être l’avenir de nos villes sont nécessaires. Une élite nationale doit se démarquer pour montrer la voie ; il ne s’agit plus de s’enfermer dans des débats d’universitaires ou d’intellectuels. Aujourd’hui, dans un monde qui se développe à vitesse grand V, et face à une administration dépassée par les évènements, les compétences scientifiques ou le savoir-faire ne sont pas suffisants ; même les échanges et les débats, aussi sincères soient-ils, ne peuvent suffire pour endiguer l’énorme crise urbaine que traverse notre pays. Il nous faut de vrais capitaines d’équipe, et des équipes forcément pluridisciplinaires, des connecteurs de talents pouvant comprendre et mettre en synergie des réalités hétérogènes dans le but d’ouvrir le chemin à des décideurs audacieux, prêts à se mouiller, pour mettre en œuvre de nouvelles visions salutaires pour le devenir de nos villes et de nos espaces urbains.
Il ressort, de façon palpable et positive des assises de l’urbanisme, la volonté des pouvoirs publics d’impliquer une nouvelle élite, il suffit juste de lire le texte des recommandations. Chacun de nous devrait être interpellé pour mettre, au profit de la communauté, ses connaissances, son expérience et surtout son audace. Ceux qui réussiront ne seront sûrement pas nombreux, ils auront la lourde tâche de commencer une nouvelle ère.
Villes et citoyens : une réconciliation est-elle encore possible ? En tout cas, des projets exemplaires sont présentés dans ce numéro pour dire oui, c’est POSSIBLE de changer de direction, d’aller vers une amélioration sensible de notre cadre de vie. Cependant, une seule condition est nécessaire : permettre aux maîtres d’œuvre de sortir des sentiers battus et des dessins préfabriqués dans des sphères opaques, en s’appropriant de nouvelles démarches où le citoyen devient «La» pièce maîtresse et la base préfigurant tout dessein.
Bonne lecture.
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