(page n°14)
Les trois termes : ville, urbanisme et habitat convergent vers un seul et même sens : «La ville c’est l’espace urbain par excellence et lieu de notre habitat.». Sur le nouveau fronton du 135 rue Didouche Mourad,il a été rajouté le mot “ville” comme pour expliquer que c’est une nouvelle attribution qui passe du MATEV – Ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Ville, (qui était MATET, T pour Tourisme), et qui atterrit au MHU-V Ministère de l’Habitat de l’Urbanisme “et de la Ville”. Monsieur Abdelmadjid Tebboune nous explique qu’«à un moment donné, il y avait des autorités différentes en charge de la Ville, ce qui posait des problèmes de coordination». (APS)
Cela est vrai et logique. Depuis 2006, nous essayons de mettre en place “une politique de la ville” et de la faire appliquer par les secteurs concernés ayant la force de l’opérationnalité, sans succès. Pourquoi ? A cause peut-être de la méconnaissance des difficultés du terrain, et effectivement, un problème de chevauchement de prérogatives entre plusieurs secteurs et acteurs, surtout ceux de l’Habitat et l’Urbanisme, l’Intérieur et les Collectivités locales.
Aujourd’hui, ce cafouillage est donc stoppé net par cette décision du Premier Ministre, Abdelmalek Sellal. Cela vient confirmer les doutes exprimés par les experts conviés à débattre, l’été dernier, de la question avec l’ex-ministre de la ville (ex-MATEV) Amara Benyounes.
Concrètement, que va-t-il se passer maintenant ? Une direction de la ville a bien été installée, mais ses missions et sa feuille de route ne sont pas encore très claire : Nouveaux textes ? Nouveaux outils ? Nouvelles façons de gouverner et d’intervenir sur les villes ? Villes nouvelles ?
Il s’agit là d’une réelle opportunité donnée, à M. Tebboune, désormais “super-ministre”, pour réformer tout le secteur qu’il dirige, resté des années durant malade de ses certitudes. L’introduction de la Ville oblige l’intégration d’un aspect capital : le travail transversal impliquant l’ensemble des secteurs. Tant de logements (mal) construits, de quartiers anonymes marginalisés et sous-équipés, de villes défigurées, d’espaces publics délaissés… Depuis les textes de lois sur ces fameux instruments d’urbanisme (PDAU et POS en 1990), nous continuons de produire un urbanisme dépourvu de sens et de culture urbaine, ce qui est en soi paradoxal. Nous aimerions être rassurés sur l’avenir de nos villes. La clairvoyance est de mise, il faut oser franchir un cap et réformer notre système de gouvernance de la ville. Il nous faut une nouvelle doctrine à inscrire sur le long terme. Après cinquante deux ans d’indépendance, nous méritons bien cela !
Une chose est sûre, l’échiquier est (re)posé et les entraves identifiées, restent une (re)définition claire d’une stratégie et une projection d’avenir avec des objectifs à atteindre…
Quant au nouveau sigle MHUV, ce n’est finalement pas très important, même s’il est plus logique que ce soit MVUH (Ministère de La Ville, de l’Urbanisme et de l’Habitat) dans cet ordre précis de bataille. En tout cas, l’essentiel est dans la boîte et non dans l’emballage…. Nous restons très attentifs et suivons avec grand intérêt la suite des événements puisque Le Ministre Tebboune a annoncé la révision de toute la politique de l’urbanisme en Algérie. A suivre.
A. Amrouche