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Loin de se limiter à la maison individuelle ou à l’immeuble, la notion d’habitat inclut également ce qui participe à l’intégration physique et sociale du logement dans la ville. Qu’il s’agisse de zones commerciales, d’espaces aménagés en aires de détente ou de jeu, des équipements sociaux ou de loisirs, etc., l’ensemble concourt à structurer cette notion en concept opératoire dessiné, d’une part, par la ville : espace urbain où s’implante le logement et, d’autre part, par l’espace public : plateforme commune au sein de laquelle s’organise ce même logement.
La structure d’interaction entre les hommes est ainsi marquée par le contexte spatial au travers duquel elle s’exprime : l’espace tel une matrice sociale conditionne nos diverses formes de vie.
Par inférence, le logement, espace privé de la vie familiale, de par sa valeur symbolique et culturelle, représente l’identité du groupe : il est un élément conservateur au La 9e édition des workshop de Vies de villes L’Habitat : lieu de ressourcement et source d’inspiration
travers duquel perdure le modèle représentatif des valeurs.
En effet, l’habitation agit sur son occupant, y demeurer équivaut à y entendre un discours. L’espace intérieur y exprime les pulsions, les désirs et les goûts de ses habitants. L’acte d’habiter n’est en définitive que le prolongement de l’individu sur le plan mental et symbolique dans sa quête d’identification et de représentation sociales. En plus de sa réalité matérielle, l’habitat exprime donc également une réalité du vécu et assume une double fonction d’objet et de sujet sur laquelle il convient de s’interroger.
La politique de l’addition face à l’algorithme sociétal
Suite aux politiques menées depuis plus d’une décennie et à l’amorce d’un nouveau plan quinquennal censé résorber de manière définitive le déficit national en matière de logement, il est encore nécessaire que tous les acteurs du secteur de l’habitat fassent les bilans qui s’imposent et planchent sur de nouvelles réflexions autour de cette épineuse problématique avec un intérêt particulier accordé au logement de masse.
Si du fait de la densité croissante, l’aspect, l’envergure des périphéries urbaines ont quelque peu changé depuis les années 1980, leur caractère lui n’a guère évolué. Passant des typologies standards de l’immeuble en barre à celles simplistes des tours de 15 étages.
La commande publique, encore mal exprimée, avec les architectes qui apporte des réponses encore mal adaptées, inscrivent, malheureusement, dans la pérennité des choix souvent inappropriés : pauvreté de la modénature, absence de réflexion sur les densités, caractère rudimentaire des aménagements, ghettoïsation. etc.
Avec les gabarits proposés et les couleurs en façade qui cachent la pauvreté de leur architecture, ces concentrations d’immeubles à grande hauteur, résultat d’une perception au premier degré de l’économie de sol urbain, produisent des coefficients hors normes et révèlent nombre de déficiences. Si d’un point de vue spatial, les typologies internes développées imposent une violence esthétique et symbolique aux locataires en éludant leurs modes de vie et leurs aspirations, ce détachement imposé du sol engendre des traumatismes durables dont ces «grands ensembles contemporains» constituent le théâtre.
Cette journée a été une invitation à la réflexion, un moment de questionnement, une occasion d’exprimer nos aspirations communes sur un sujet capital pour l’avenir de notre société.