De notre correspondant à Constantine : M. Réda Zemmouchi
(Page n°26, 02 pages)
Ce séminaire a été organisé le 29 novembre 2014 à l’initiative du CLOA* (Conseil Local de l’Ordre des Architectes) de Constantine, sous l’égide et le parrainage du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville ainsi que de la wilaya de Constantine, à l’Université Mentouri 1. L’auditorium Mohamed-Seddik Benyahia aura abrité durant cette journée (début de séance à 10h30) une rencontre riche en communications émanant d’un panel d’architectes et d’urbanistes pour traiter en trois (3) volets de :
• La profession d’architecte – Réalités et perspectives.
• Production architecturale – Le défi de la qualité.
• Patrimoine architectural et mondialisation.
*NB : Pour plus d’informations sur ses nouvelles activités, il sera utile de consulter le site du ‘CLOA de Constantine’ sur le net.
Des travaux d’atelier auront suivi ces communications pour s’achever en recommandations qui clôtureront ce séminaire. Rappelons également la présence de M. Kadi Abdelkader, ministre des Travaux Publics, de M. Ouadah Hocine, wali de Constantine, du président du CNOA, du secrétaire général du ministère de l’Habitat, de cadres locaux du secteur de l’habitat, de l’APW de Constantine et de M. Emile Akra, président du Conseil des architectes arabes ainsi que d’une délégation arabe du Liban, Palestine, Jordanie, Maroc et Tunisie. Enfin, ce sera Mme Djeradi Lamia, présidente du CLOA qui fera une allocution de bienvenue et qui assurera le rôle de modérateur de cette rencontre.
Concernant le premier volet des communications, M. Djemai Djamel (architecte et expert judiciaire à Bejaïa) rappellera le parcours ‘atypique’ de la profession d’architecte de l’Algérie post-indépendante jusqu’à la promulgation de décret 94/07 du 18 mai 1994 définissant les prérogatives de la corporation. Quant à M. Temar Abdelouahed, (directeur général au ministère de l’Habitat), il passera en revue les grands chantiers du secteur et les choix stratégiques mis récemment en place, à savoir :
- L’analyse de l’environnement pour une amélioration des conditions d’exercice de la
profession d’architecte.
- Concertation avec le CNOA pour aboutir à un nouveau cadre juridique.
- Révision du cahier de charges pour sélectionner les meilleures œuvres architecturales, dont la question de la rémunération (le texte est en débat avec le ministère des Finances).
- Allégement des procédures administratives dont l’obtention du permis de construire qui doit impliquer les maîtres d’œuvre et d’ouvrage, activer les commissions de recours et les délais de décision concernant les constructions inachevées.
- Installation d’un Office pour intervenir sur le tissu urbain (cette tâche étant confiée jusque-là à l’OPGI) dans la perspective des extensions urbaines et des opérations visant à améliorer le cadre urbain (rénovation, réhabilitation, etc.).
Par ailleurs, l’intervention remarquée mais brève de M. Belkhadem (architecte et chercheur), insistera sur la valeur législative des instruments d’urbanisme jusque-là en vigueur et qui devront s’adapter au développement urbain spécifique du pays. Il sera relayé par le docteur Sekkache Sassi qui traitera de la responsabilité civile de l’architecte vis-à-vis de ses autres partenaires (administrations de tutelle, entreprises et clients).
Mme Annouche Karima (enseignante à l’USTOran) entamera le deuxième volet du séminaire en évoquant la problématique de la formation d’architecte dispensée dans les universités et les bouleversements induits par l’introduction du système LMD, en soulevant, à l’occasion, beaucoup de questions quant à l’issue de ce long cursus qui devra aboutir, de toute façon, à une spécialisation de l’architecte, comme c’est la tendance pour les autres disciplines enseignées à l’Université. La qualité architecturale, selon la même communicante, dépendra de la valeur artistique et des sciences techniques qui y sont annexées.
M. Bensaad Amar (directeur général au ministère de la ville et de l’Habitat) s’étalera longuement sur «La vision prospective de la ville au XXIe siècle» : « …à travers 52 ans de croissance dans un ordre dispersé dans la planification territoriale ; les instruments mis en place autant que les réalisations urbaines n’ont pas donné des résultats satisfaisants…la volonté politique doit être suivie de moyens de financement propres à déconcentrer les
villes, à rééquilibrer les armatures urbaines et à en diminuer les disparités. Les problèmes des grands investissements près des pôles urbains ont provoqué des afflux de populations rurales avec les conséquences qu’on connaît (bidonvilles, etc.). Selon l’intervenant, un nouveau schéma d’aménagement est dores et déjà mis en place pour un rééquilibrage régional qui sous-entend des programmes d’actions territoriales, tenant compte des spécificités régionales.» A titre d’exemple, il évoquera également le projet des villes nouvelles de Sidi Abdallah à l’ouest d’Alger, de Bouinan, de la ville de Boughzoul au niveau des Hauts-Plateaux du Centre et de Menaa au Sud, selon une classification «en couronnes» à partir de la capitale.
«La notion de pôle urbain naîtra avec la création de cinq pôles en Algérie qui a nécessité la collaboration d’autres institutions internationales comme l’Unesco et une mise en place d’une assistance technique (expertises de BET, contrats d’assistance, etc.). A cet effet, un observatoire de la ville est mis en place pour développer de nouveaux modes de gestion qui englobent des conseils et orientations», conclura-t-il.
La dernière intervention émanera de M. Bendimred (DPLG – Paris) qui traitera de «l’habitat intermédiaire» pour tenter de résoudre la problématique de l’étalement urbain. Si l’habitat individuel reste un gros consommateur de terrain, et l’habitat collectif source de tensions sociales générées par une densité de population trop forte, l’alternative apportée par «l’habitat intermédiaire» peut être parfois une solution. Quelques études de cas viendront étayer la brève communication du jeune architecte qui évoquera les exemples réussis de ce type d’habitat au Portugal, au Yémen et …à Ghardaïa (projet de Tafilalet, primé au Concours national d’architecture 2012, et paru dans Vies de Villes). L’intérêt de cette notion architecturale «revisitée» réside, par ailleurs, dans le «remodelage» d’une construction qui peut être «flexible» autant qu’évolutive pour ses locataires (même famille élargie) et permettre d’aménager et de partager certains équipements urbains de proximité (espaces verts, aires de jeu, etc.).
Notons que cette rencontre ‘internationale’ n’a donné lieu à aucun débat à cause du timing imposé, le séminaire ayant été réduit à une journée (au lieu de deux initialement prévues pour les 29 et 30 novembre), d’ailleurs ponctuée par un début de séance tardif, une longue pause-café et la remises de diplômes d’honneur à plusieurs participants. Le séminaire fut clôturé en fin de soirée (18h30) par un rapport de brèves recommandations issues des trois ateliers organisés et respectifs aux 3 volets inscrits :
• Revalorisation du métier d’architecte
• Amélioration de la qualité du produit architectural et de l’aménagement urbain en Algérie face aux défis de la mondialisation
• Préservation du patrimoine bâti.