Revue n° 22Mai 2015

Stratégies territoriales et images de marque

couverture du numéro 22
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Éditorial

“S’il nous venait à mourir, défendez nos mémoires” Le Chahid Didouche Mourad
Lors d’une discussion au sujet du classement sélectif dont a fait l’objet le patrimoine bâti en Algérie avec M. Mourad Betrouni, haut cadre au ministère de la Culture, je découvre, sans être étonné que, malgré tous les efforts consentis pour la sauvegarde des lieux jugés les plus importants à travers le pays, il n’y a jamais eu assez de recul et peut-être de place à la question fondamentale: Pourquoi et pour qui classer?

Seul le “comment” nous a été servi comme étant la panacée. Cette question d’ordre purement technique a gouverné toutes les actions menées sur le patrimoine culturel depuis l’indépendance. Les valeurs d’appropriation de cet héritage par le peuple algérien n’ont jamais sous-tendu un questionnement fondamentalement politique: Pourquoi et pour qui protéger?

Selon ce responsable, “…l’Algérie indépendante n’a pas encore pris la mesure de l’épaisseur de la sédimentation historique sur laquelle il s’agirait d’extraire les niveaux d’importance qui garantiront la préservation de notre mémoire….” et dans cette optique, il faudra garder en ligne de mire “…la souffrance et la douleur d’un peuple depuis les geôles romaines, où a succombé Jugurtha, jusqu’au plastiquage de la maison de la Casbah où ont péri Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Bouhamidi et le petit Omar, pour que vive aujourd’hui l’Algérie.”

Il ne s’agit pas seulement de questions mal posées, j’ai décelé comme un cri de détresse d’un responsable probablement pas assez écouté. Au cours de son histoire, notre société a été malmenée par les conquérants européens. Aujourd’hui, il est temps de nous réapproprier différemment notre richesse patrimoniale, sur laquelle nous devons nous appuyer pour vivre dans un climat social apaisé, un devoir de mémoire nous interpelle. Nous devons garder la maîtrise de notre avenir grâce à nos structures sociales et à notre culture.

Dès lors, nous pouvons développer de très larges sujets avec des questions sur nos casbahs décrépies, nos ksour abandonnés, nos villages bombardés, détruits et aujourd’hui oubliés, nos campagnes dévalorisées, etc. Ces sujets doivent renaître à partir d’espaces publics de débats, d’échange et de partage, des espaces permanents où tout citoyen peut s’informer et trouver l’écoute nécessaire.

Heureusement, quelques petits espaces existent, grâce à l’engagement de certains d’entre nous. Yasmine Terki, à qui j’aimerais rendre hommage, est à prendre en exemple. Elle est engagée depuis plus de cinq ans dans un combat pour faire reconnaître les valeurs de partage, de convivialité, de traditions constructives d’une architecture bâtie en terre, négligée et piétinée par les puissants colons de l’époque, mais aussi, de nos jours, par les lobbies néolibéraux, certainement trompés par le “chant des sirènes” de l’Occident et ce, malgré la reconnaissance avérée d’un patrimoine et d’une architecture qui portent en eux les gènes d’une société saine, heureuse et épanouie.

Par la communication maîtrisée, Yasmine Terki nous démontre qu’il est possible d’engager de grands chantiers pour la reconquête pleine et entière de notre patrimoine culturel, partout, et à travers tout le territoire national. La liste des combats à mener est très longue, l’établir relève d’un mouvement citoyen national.

Dans ce numéro de la revue, nous avons détecté un certain nombre de leaders potentiels, ils se distinguent parmi l’élite de notre nation, ils sont jeunes, ils ont un immense talent et ils aiment leur pays… Ils ont aussi une grande responsabilité : celle de donner l’exemple.

Je vous laisse découvrir.

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