Il va falloir se secouer !
Quand la machine économique, souillée par les pétrodollars, se grippe, quand les projets publics sont gelés avec des infrastructures de base inachevées et des projets prometteurs abandonnés, quand les priorités ne sont plus partagées et quand la géopolitique s’emmêle, en plus de la confiance qui s’effrite…, réfléchir à projeter un avenir meilleur devient alors en apparence évident, logique et simple. Il est nécessaire de passer d’une société de consommation à une société productive ; d’une société assistée à une société redevable et responsable ; d’un état bienfaiteur à un état facilitateur, à l’écoute du marché.
Nous assistons en ce moment à un changement de cap en faveur d’une transition qui s’annonce brutale pour le pays. Un réveil douloureux engendré par la chute du prix des hydrocarbures. L’Algérie est bien atteinte du syndrome hollandais. Est-ce la fin de la rente pétrolière ? Selon plusieurs experts, bientôt nous n’aurons plus la possibilité d’exporter notre pétrole, car il sera consommé sur le marché local. L’État ne pourra plus tout financer et doit donc, très vite, mobiliser ses citoyens pour redémarrer sur des bases économiques nouvelles, plus saines.
L’industrie, très faible, ne peut être performante qu’à moyen et long terme, car soumise à une concurrence mondialisée. D’autres «leviers économiques» puissants et stratégiques doivent être identifiés : le tourisme, objet de ce numéro, en est un !
Récemment deux brillants reportages sur des chaînes de télévision étrangère ont fait redécouvrir aux Algériens l’extrême beauté de leur pays. Sur les réseaux sociaux, après certaines critiques négatives (nettoiement des plages avant prises de vue, erreurs sur les textes, etc.) des questions ont été posées sur un secteur complètement délaissé. Il est aujourd’hui admis qu’il est inconcevable de laisser s’échapper une manne financière si importante, surtout en ces temps de crise.
Selon les statistiques de l’OMT (Organisation mondiale du Tourisme), 2015 est la sixième année consécutive de croissance : les arrivées internationales ont augmenté tous les ans de 4 %, et plus depuis 2010, année qui a suivi la crise économique (plus d’un milliard de touristes étrangers ont généré 1500 milliards de dollars en 2015).
L’Algérie n’existe pas encore sur les tablettes des tours opérateurs mais si, comme l’affirme le ministre du Tourisme, les contraintes bureaucratiques sont levées, alors le pays pourra espérer être prêt d’ici 2025 et deviendra probablement une destination touristique incontournable à l’horizon de 2030. Nous avons à peine le temps de construire une offre touristique complète et performante, le temps nécessaire aussi pour former un personnel qualifié. Huit ans de perdus depuis l’adoption du SDAT (Schéma directeur du développement touristique) qui dispose d’une vision très intéressante, mais qui peine à se concrétiser. La cadence des réalisations doit impérativement s’accélérer car la tâche n’est pas facile. Notre territoire est immense et son potentiel l’est aussi.
Les investisseurs privés et publics, très nombreux, (pas moins de 2500 dossiers d’investissement en cours) doivent éviter de verser dans le folklore, l’acculturation ou la perte d’identité. Ils doivent, au contraire, veiller à proposer les meilleurs produits touristiques, respectueux de l’environnement, attractifs, offrant du rêve, de la culture, du raffinement et de l’évasion, car le touriste algérien est très exigeant, il a été habitué, malgré lui, pendant de très longtemps, à un tourisme international de grande qualité.
Dans ce numéro, nous présentons quelques réflexions et avis constructifs illustrés par des projets d’architectes talentueux. L’espoir est permis de voir se dessiner une nouvelle ère d’ouverture, de développement humain et de diversification de l’économie nationale… À vrai dire, nous n’avons plus le choix !
Bonne année 2016
Par Akli AMROUCHE