L’attentisme ne fait plus recette de nos jours, surtout en ces temps de crise économique où les pouvoirs publics sont très regardants sur leurs budgets d’investissement en prévision de lendemains incertains et ce, malgré le confortable matelas financier disponible.
Achats annulés, projets gelés, chantiers différés… Des architectes nous confient qu’ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts, certains pensent même à changer de métier pour une hypothétique reconversion.
Pourtant, l’architecture renvoie encore une image idéalisée chez les jeunes bacheliers qui se bousculent au portillon des 25 départements d’architecture à travers le territoire national. L’architecte est perçu comme un créateur, libéré de toute contrainte, dessinant des édifices exceptionnels. Mais cette image masque, en fait, une réalité tout autre, moins glorieuse et surtout très inquiétante.
Dans une conjoncture certes difficile pour tous les acteurs de la construction, les architectes souffrent en silence. Leur parler de développement durable, d’efficience énergétique ou de nouvelles technologies semble les faire sourire…
C’est justement dans ce contexte morose que nous avons choisi d’injecter un brin d’enthousiasme à travers ce nouveau numéro de la revue, au design entièrement “relifté”, en traitant de la vraie durabilité, à travers des concepts, mais surtout par le biais de démonstrations qui seraient impossible d’ignorer, des projets témoins mis en avant pour l’exemple, et montrer que des alternatives existent et peuvent se dupliquer, même avec très peu de moyens, juste par la volonté des hommes.
Et si nous faisions preuve, aujourd’hui, de plus de créativité et d’inventivité à la rechercher de solutions autres que celles guidées par le pouvoir omnipotent de nos maîtres d’ouvrage public ? S’émanciper en mettant du plaisir à l’œuvre, en donnant un sens réel à nos actions et travaux, en étant plus à l’écoute et ouverts aux autres, à nos concitoyens, nos voisins… Et si nous nous projetions dans l’avenir, comme le faisaient si bien nos ancêtres ?
C’est en tout cas le message que nous espérons transmettre et partager avec vous dans les articles de ce numéro : Il est question de patrimoine en devenir, de projets à suggérer, d’une solidarité à rechercher et d’une identité authentique à réimprimer dans notre ADN, dans notre patrimoine génétique perturbé par 132 ans d’occupation belliqueuse et abjecte, comme nous le rap- pelle si bien M. Mustapha Belfodil dans son article “Violences géographiques, de Sidi Fredj à Regane”, même si cela n’explique pas tout, car nous sommes passés aussi par plusieurs décennies d’inconsistance criante qu’il s’agit encore de combler.
L’histoire tourmentée de notre jeune pays est riche en enseignements et nous devons rester vigilants et clairvoyants.
Notre société est en mouvement, certes lent, mais en mouvement quand même.
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