Éditorial du n°28

Qu’est-ce que le covid-19 nous a révélé ?

D’abord, il nous a révélé nos espaces de vie intime, nos maisons, nos appartements ; l’importance de nos balcons, de nos terrasses quand elles sont accessibles, nos quartiers, notre environnement proche. Nous avons pris plus conscience de la valeur du temps qui passe, des différentes saisons, de l’importance de la cellule familiale, de l’importance de son bien-être,
un bien-être qu’il faudra redéfinir.

Notre espace de travail s’est métamorphosé et il est devenu en partie virtuel colonisant ainsi des pièces entières de nos foyers souvent exiguës.

Les villes se sont vidées de leurs usagers quotidiens, les transports en commun fonctionnent en service minimum et l’ambiance est devenue morose ; ce qui a déteint localement sur l’activité socioéconomique et culturelle.

La COVID-19 a aussi fait prendre conscience des insuffisances des stratégies sanitaires, tous les pays sont en passe de revoir la leur car non seulement la pandémie n’est pas fi- nie, mais beaucoup d’experts prédisent que cette dernière va devenir cycliques : trop de pollution, démographie galopante, ressources naturelles en baisse, planification urbaine aléatoire, … C’est une période de fortes incertitudes où la résilience devient le paramètre indispensable à toute action, à toute prise de décision.

La COVID-19 nous a aussi révélé notre besoin vital de bouger, de s’oxygéner et de se mouvoir à l’extérieur dans des espaces verts bien entretenus et accueillants. Ces espaces devenus malheureusement rares et souvent mal fréquentés.

Dans ce numéro de la revue convalescente qui revient après une longue absence ; nous avons décidé d’éclairer, d’expliquer, de proposer et de partager des sujets liés à notre cadre de vie, qui influe énormément sur notre bien-être mental et physique.
“Faire la ville autrement”, nous le crions de- puis le début de notre aventure éditoriale. Mais rien n’y fait, cette remise en cause des pratiques complètement dépassées parait encore éloignée des préoccupations de nos décideurs. Même si de temps à autre, de petites lueurs d’espoir apparaissent furtivement, à l’image du travail remarquable qui est en train d’être réalisé par Tewfik Guerroudj et son équipe au sujet du nouveau texte de loi sur l’urbanisme et la poli- tique de la ville, dont l’avant-projet a été présenté le 15 août dernier.

En attendant l’adoption de ce texte important, nos villes continue à croitre à un rythme incroyable malgré la crise économique. Sur Alger par exemple, des dizaines de POS stratégiques ont été lancés en études sur la base des textes de 1990, sur le modèle qui est décrié en ce moment même par les autorités ; et qui certainement ne fonctionnera jamais, car totalement hors du temps et obsolète à plus d’un titre.

Les architectes et les urbanistes, mal pré- parés et sans grands moyens, ont abandonné leur droit légitime de concourir à des appels d’offres pour faire de l’urbanisme. Des appels d’offres parce que les concours d’idées pour construire des bouts de villes n’existent pas encore chez nous. L’aspect créatif de l’urbanisme y est totalement occulté.

Et de toutes les façons, l’ensemble des études sont attribuées d’office à des bureaux étatiques qui ne font que dupliquer les mauvaises recettes qui ont causé le naufrage de notre urbanisme.

À bon entendeur …

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couverture du numéro 27
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